« J'ai un terrible désir de peindre, de peindre, de peindre »
Madeleine Dinès, journal non publié, 1926
Madeleine Denis est née le 2 mai 1906 à Saint-Germain-en-Laye, elle est la quatrième fille du peintre nabi Maurice Denis, le « nabi des belles icônes », et la seule des enfants du peintre à suivre une carrière artistique.
Madeleine Denis commence sa formation artistique aux Ateliers d'Art Sacré, fondés par son père, puis étudie avec le philosophe et psychologue Henri Delacroix.
Elle poursuit ses études à la Grande Chaumière et à l'Académie Ranson, et occasionnellement au Bateau-lavoir, où son beau-frère, le sculpteur suisse Marcel Poncet, possède un atelier dans lequel elle vient parfois travailler. En 1929, elle participe au Salon des Tuileries.
Elle s'affirme comme jeune artiste en réaction à l'œuvre de son père et signe ses premières toiles au milieu des années vingt, changeant son nom en « Madeleine Dinès », puis, plus radicalement, en « Dinès » à partir de 1932. Dès le moment où elle signe sans prénom, Dinès affiche clairement sa volonté d'être considérée comme une artiste, quel que soit son sexe.
Pendant ses études, Dinès se lie d'amitié avec la peintre d'origine espagnole Maria Blanchard, dont elle fréquente l'atelier, se rapproche de Chana Orloff et rencontre le poète Jean Follain, qu'elle épouse en 1934.
Le couple mène une vie de bohème, chacun de son côté, Madeleine et Jean ayant besoin de paix et de liberté pour créer. Follain présente Dinès à ses amis poètes et écrivains, avec lesquels elle noue des liens étroits (Apollinaire, Max Jacob, André Salmon, Jean Paulhan, etc.).
Dans sa peinture, Dinès poursuit une voie réaliste, aux antipodes des scènes sacrées de son père Maurice Denis, mais aussi de la voie abstraite et surréaliste typique de son époque :
Natures mortes, bouquets, paysages champêtres, intérieurs familiers, autoportraits, saynètes, nus... Les nombreux portraits qu'elle réalise (Armen Lubin, Maria Blanchard, René de Obaldia, Alain Cuny etc.) sont ceux d'amis proches et de personnalités du monde des arts et de la littérature, mais aussi d'anonymes rencontrés lors de ses voyages en France et à l'étranger.Dans les années 1960, ses couleurs puissantes et sa structure solide rapprochent certains de ses tableaux du mouvement « pop ».
Son style délibérément traditionnel évite la banalité et rend la vie secrète de chaque objet et de l'intime. Elle réhabilite le quotidien au détriment de l'imagination pure.
En 1937, Dinès participe au Salon des femmes artistes modernes, fondé et présidé par Marie-Anne Camax Zoegger. La même année, elle organise sa première exposition personnelle à la galerie parisienne La Fenêtre ouverte. Par la suite, elle alterne les expositions personnelles et collectives en France et à l'étranger. En 1943, Dinès organise sa deuxième exposition personnelle à la galerie du Dragon à Paris, sur une invitation de Léon-Paul Fargue.
Après la mort accidentelle de Jean Follain en 1971, Madeleine Dinès abandonne la peinture pour se consacrer principalement à la promotion de l'œuvre de son mari. Elle s'éteint en 1996, dans son appartement de la place des Vosges.
Féministe de la première heure, elle fut une femme indépendante et moderne, en retrait du monde de l'art et des grands courants du XXe siècle, mais sa peinture figurative fait aujourd'hui écho aux bouleversements artistiques contemporains.
Collections Publiques
Musée Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye, FR
IMEC, Caen, FR
Musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt, FR
Musée Delacroix, Paris, FR
Musée de Cabriès, FR
Musée Bonnard, Cannet, FR
Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Lô, FR
