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RENÉ

ICHÉ

TEXTES

René Iché (1897-1954) est un artiste et intellectuel français.

René Iché est considéré comme l’un des plus remarquables représentants de la sculpture moderne française, puis après-guerre du mouvement de la Figuration européenne aux côtés d’Henri Moore, Marino Marini, Alberto Giacometti et Francis Bacon.

Figure même de l’artiste engagé, ses recherches esthétiques et techniques ont été menées de front avec une réflexion plus générale sur la place de l’artiste dans la société et dans l’histoire. Il a dveloppé une œuvre érudite, à plusieurs niveaux de lecture, interrogeant ses expériences intimes pour concevoir une œuvre contemporaine de portée universelle.

Pendant la première guerre mondiale, Iché fréquente Guillaume Apollinaire et l’avant- garde à Paris. Démobilisé, il écrit pour la presse et le théâtre, entre dans l’administration avant de tout abandonner pour devenir sculpteur.

 

Il est proche du groupe de la Section d’or, et d’Auguste Perret, rencontré chez Bourdelle. Il étudie le béton, la céramique, la fonte et l’architecture.
La Guerre et Homme et enfant de 1925, sont les seules œuvres qui ont survécu alors que Forfaiture, jugée « indécente » en 1923 par le Salon des Indépendants reste de nos jours introuvable. Ces œuvres partagent un aspect lisse, tout en rondeur et en sensualité qui adoucit le sujet comme dans le Monument aux morts de 14-18, à Ouveillan, ouvertement pacifiste et aujourd’hui considéré comme l’un des plus beaux de France.

Son Etude de Lutteurs, groupe primitif, en granit, sculpté au tournevis, déconcerte et choque la critique. Un homme nu, dédoublé, affronte ses démons intérieurs. Iché garde l’espoir que l’homme moderne pourra sublimer ses égoïsmes et deux décades plus tard, quand il aura rejoint la Résistance, Iché revisitera ce sujet de manière quasi obsessionnelle avec Lutteurs à terre, Lutteurs à mi-corps, Fragment de Lutteurs...

 

En 1930 le marchand Léopold Zborowski sort Iché de la misère en lui achetant l’ensemble de sa production. Il organise une première exposition personnelle et les œuvres d’Iché entrent dans les collections des musées européens.

Depuis plusieurs années, Iché soutient les surréalistes dont il partage les approches, artistiques et thématiques, le goût du hasard, de la provocation et de l’humour noir. Ses mystérieuses Inconnue de la Seine et ses masques d'André Breton et de Paul Eluard, yeux clos, immergés dans une léthargie propice à la rêverie et à l’écriture automatique préfigurent ou accompagnent leurs recherches. L’année suivante, comme Alberto Giacometti, il s’investit dans l’art de la médaille dont il repense le choix des sujets et les techniques. ll revient au nu et décline des fragments érotiques de : Jeune Captive, Jeune Homme ou Contrefleur, en plâtre, en bronze et en marbre. Ses portraits psychologiques alternent avec des œuvres-manifestes: Melpomène 36 pour l’intervention en Espagne ou la sublime et provocante Guernica, qu’il modèle le soir même de l’attaque, c’est à dire, bien avant Picasso. Ce squelette d’une fillette, toujours debout mais martyrisée dans sa chair est tout droit sorti d’un cauchemar lovecraftien. Guernica ne sera exposée qu’une seule fois, en septembre 1939.

Germaine Tillon racontait que dans un même élan, pendant l’Occupation, Iché improvisa sous ses yeux la Déchirée à partir d’un nu de 1937. Elle devient le symbole de la Liberté, aveugle et implorante. Une fonte, produite par Iché parvient au Général De Gaulle à Londres grâce à l’aide de Lucie Aubrac et de Jean Cavaillès.

 

Après la Libération, Iché inscrit ses Otages ou les Lutteurs dans un espace ouvert où la sculpture monumentale s’associe à l’architecture. Dans le prolongement de ses prises de position de l’entre-deux-guerre, Iché fonde et organise de nouvelles instances professionnelles (Maison des artistes, Syndicat des sculpteurs, ADAGP) et obtient l’établissement de la loi du 1%. L’objectif est la reconnaissance professionnelle des artistes plasticiens via des circuits indépendants et l’ouverture de la commande publique aux « non académiques ».

Il décède brutalement le 23 décembre 1954 à Paris, sans avoir pu exécuter le Monument à Apollinaire, finalement réalisé par Pablo Picasso, et le Mémorial aux Martyrs d’Auschwitz qui ne fut jamais réalisé mais pour lequel il avait imaginé un espace collectif réunissant des artistes de nations touchées par la déportation.

 

Certains projets d’Iché ont été réalisés après sa mort par de jeunes artistes comme l’Enclos du Souvenir au Mont-Valérien ou encore l’installation de sculptures dans les Jardins du Palais-Royal.

Les fontes originales de René Iché sont aujourd’hui produites sous la surveillance de sa petite fille, héritière des droits et auteur du catalogue raisonné. Elle veille à l’intégrité de l’oeuvre et au maintien des directives fixées par René Iché.

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René Iché (1897-1954) was a French artist and intellectual.

 

René Iché is considered as being one of the most remarkable representatives of modern French sculpture and, after the war, of the European Figuration movement alongside Henri Moore, Marino Marini, Alberto Giacometti and Francis Bacon.

 

Symbol of the committed artist, his aesthetic and technical research went hand in hand with a more general reflection on the place of the artist in society and history. He has developed an erudite body of work that can be read on several levels, questioning his intimate experiences in order to create a contemporary body of work that is universal in scope.

 

During the First World War, Iché frequented Guillaume Apollinaire and the avant-garde in Paris. When he was demobilised, he wrote for the press and the theatre, and worked in administration before giving it all up to become a sculptor.

 

He was close to the Section d'or group and to Auguste Perret, whom he had met at Bourdelle's studio. He studied concrete, ceramics, cast iron and architecture.

La Guerre and Homme et enfant (1925) are the only works to have survived, while Forfaiture, judged "indecent" in 1923 by the Salon des Indépendants, is still impossible to find. These works share a smooth, rounded and sensual aspect that softens the subject, as in the Monument aux morts de 14-18, in Ouveillan, openly pacifist and now considered one of the most beautiful in France.

 

His Etude de Lutteurs, a primitive granite group carved with a screwdriver, disconcerted and shocked the critics. A naked, split man confronts his inner demons. Iché remained hopeful that the modern man would be able to sublimate his egoism, and two decades later, when he joined the Resistance, Iché would revisit this subject almost obsessively, with Lutteurs à terre, Lutteurs à mi-corps, Fragment de Lutteurs...

 

In 1930, the art dealer Léopold Zborowski rescued Iché from poverty by buying all his work. He organised his first solo exhibition and Iché's works entered the collections of European museums.

 

For several years, Iché has supported the Surrealists, sharing their artistic and thematic approaches, their taste for chance, provocation and black humour. His mysterious Inconnue de la Seine and his masks of André Breton and Paul Eluard, eyes closed, immersed in a lethargy conducive to daydreaming and automatic writing, foreshadowed or accompanied their research. The following year, like Alberto Giacometti, he invested himself in the art of the medal, rethinking the choice of subjects and techniques. He returned to the nude and produced erotic fragments of : Jeune Captive, Jeune Homme and Contrefleur, in plaster, bronze and marble. His psychological portraits alternated with manifesto works: Melpomène 36 for the intervention in Spain or the sublime and provocative Guernica, which he modelled on the evening of the attack, in other words, well before Picasso. This skeleton of a little girl, still standing but tortured to the bone, is straight out of a Lovecraftian nightmare. Guernica was only exhibited once, in September 1939.

 

Germaine Tillon told how, during the Occupation, Iché improvised the Déchirée before her eyes, based on a 1937 nude. She became the symbol of freedom, blind and imploring. A cast produced by Iché reached General De Gaulle in London thanks to the help of Lucie Aubrac and Jean Cavaillès.

 

After the Liberation, Iché placed his Otages and Lutteurs in an open space where monumental sculpture was combined with architecture. Following on from the positions he had taken between the wars, Iché founded new professional organisations (Maison des artistes, Syndicat des sculpteurs, ADAGP) and obtained the establishment of the 1% law. The aim was to give professional recognition to visual artists via independent circuits and to open up public commissions to « non-academics ».

 

He died suddenly on December 23rd 1954 in Paris, without having been able to complete the Monument to Apollinaire, which was eventually built by Pablo Picasso, and the Memorial to the Martyrs of Auschwitz, which was never built but for which he had imagined a collective space bringing together artists from nations affected by the deportation.

 

Some of Iché's projects were carried out after his death by young artists, such as the Enclos du Souvenir at Mont-Valérien and the installation of sculptures in the Palais-Royal gardens.

 

René Iché's original fonts are now produced under the supervision of his granddaughter, heir to the rights and author of the catalogue raisonné. She ensures the integrity of the work and the maintenance of the guidelines set by René Iché.

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