ROSE, RENONCE À TON NOM: QUENTIN DEROUET

Overview
Il est des œuvres qui vous laissent bouche-bée, muet, comme si le silence était utile pour les approcher. Les œuvres de Quentin Derouet font partie de celles-ci. Ce n’est pas un silence inquiétant, mais une douce sérénité, une impression d’infini. Que nous étions seuls. Que nous étions bien.
Léo Panico-Djoued, Jeunes Critiques d’Art, 2017
Pour l’exposition Rose, renonce à ton nom, Quentin Derouet fait trace et écrit le vers unique d’un poème sans mots, archaïque et essentiel. Loin d’une gestuelle lyrique, c’est une mélodie douce et amoureuse qui se joue ici. Rien n’est caché, tout est offert avec pudeur au regardeur. 

Les œuvres créées par Quentin Derouet sont issues de la rencontre d’un bouton de rose frais sur la toile. Du bois, les fibres du coton, une rose. Et pourtant les variations sont nombreuses, ces rendez-vous, uniques. Le trait résonne depuis les premières peintures pariétales et déjà nous dépasse. Il se donne à voir pour ce qu’il est : un point qui fait tache et s’étend, une brèche à travers laquelle se dévoile une histoire de la peinture. Il y a de l’essence dans ces traits las, une honnêteté, une fragilité nécessaire. Rose, renonce à ton nom fatigué. Ton histoire est aussi ton fardeau. 

La trace résulte de l’effacement de la fleur. Décharger le symbole, gommer pour inventer à nouveau. En faisant cela, Quentin Derouet embrasse le monde par le biais d’une intervention minime sur les toiles suspendues aux murs de la galerie. Nous sommes cernés par ces traits qui sont la cellule primitive du travail de l’artiste, de l’écriture même. Et si tout ce qui devait être dit l’était avec un trait ? 

Un jour viendra où la rose passera. Du rouge, au violet, les traits s’oxyderont jusqu’au noir, dans un siècle au moins. Le temps se sédimentera, lentement, sur les pores de la toile pour créer de nouveaux rythmes, de nouvelles danses.

 

Léo Panico-Djoued

 
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